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Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/105

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La Monongahéla

reste sur le champ de bataille ou prisonnière des Français.

Nicolas de Neuville, qui avait fait des prodiges de valeur à la tête de ses matelots, fut chargé d’aller sommer le commandant de se rendre. Celui-ci demanda vingt-quatre heures pour se décider. On les lui accorda, et ce terme écoulé, il se rendit, quoiqu’il eût encore quatre-vingts hommes en état de combattre, des vivres pour plusieurs mois et une assez belle artillerie de gros calibre.

Maître de St. Jean, M. de Saint-Ovide dépêcha un exprès à M. de Costebelle, gouverneur des établissements français dans l’île, pour l’informer de l’heureux succès de son expédition. Le gouverneur lui manda de démanteler les forts et de retourner à Plaisance vers la fin de mars.

Saint-Ovide ne demandait pourtant que cent hommes pour conserver les forts de St-Jean et achever la conquête de l’île. Mais il fallait obéir. Il s’embarqua donc avec une partie de ses prisonniers que lui avait envoyé M. de Costebelle et rapporta un butin considérable. Ce fut cependant avec un réel chagrin qu’il se vit condamner à perdre le fruit de ses victoires, grâce à l’impéritie de ses chefs.

— Ce qui te prouve, mon garçon, disait sentencieusement Gaspard Bertrand à Pompon-Filasse, qu’on ne pourra jamais rien tirer de bon d’un terrien.