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La Monongahéla

— Tout probablement il campe ce soir à dix milles d’ici.

— Peste ! le péril n’est pas loin de régner en la demeure.

— J’en ai peur, mon commandant.

— Messieurs, reprit M. de Contrecœur en saluant les jeunes officiers, rendez-vous à la caserne pour vous restaurer un peu. Je vous attends dans une heure au quartier-général où nous tiendrons un conseil de guerre. Je vais prévenir vos camarades.

Quelques détails rétrospectifs sont indispensables pour faire comprendre ce qui va suivre.

Pendant que les milices de la Nouvelle-Angleterre, au mépris du droit des gens et de l’humanité, chassaient si cruellement les Français de l’Acadie, le général Braddock, expédié de la mère patrie avec un contingent des meilleures troupes régulières, se préparait à envahir le Canada par Montréal.

Le dix juin, à la tête de deux mille deux cents hommes, Braddock quitta Cumberland. Rendu aux Grandes-Prairies, où, l’année précédente, Washington avait été si honteusement obligé de rendre le fort Nécessité, il apprit la nouvelle que M. de Contrecœur, le commandant du fort Duquesne, allait recevoir un secours de cinq cents hommes.

Le général anglais jugea nécessaire de prévenir l’arrivée de ces renforts par la rapidité de sa marche. Il laissa donc les gros bagages sous la garde de sept