Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
La Monongahéla

à la hanche. Nicolas de Neuville, qui le suit, n’a que le temps de le mettre à l’abri d’un quartier de roc sur lequel viennent s’aplatir les balles anglaises, et retourne à son poste de combat.

Les Anglais, pris ainsi de tous les côtes à la fois, se maintinrent pendant quelque temps dans cette critique position. La mort fauche dans ces colonnes épaisses ; des rangs entiers tombent comme un seul homme ; presque tous les officiers sont tués à leur poste.

Le désordre se met enfin parmi les assaillants. Une colonne qui recule brise la colonne qui suit. Il n’y a que les miliciens de la Virginie qui, accoutumés à la guerre des bois, conservent leur sang-froid. Au premier choc, ils se sont dispersés et mis à couvert derrière des arbres d’où ils font le coup de fusil avec les Canadiens et les sauvages.

Malgré cette diversion, force est enfin aux Anglais de prendre la fuite devant la vaillance de nos troupes et la terrible hache de guerre des sauvages.

Près de mille hommes restèrent sur le champ de bataille parmi les caissons, les charriots et les tentes, un grand nombre se noya dans les eaux de la Monongahéla, et si les sauvages n’eussent cessé la poursuite des fuyards pour se livrer au pillage, presque tous les Anglais étaient massacrés.

Le général Braddock avait été mortellement blessé pendant l’action. Une balle, après lui avoir