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Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/38

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La Monongahéla

donnent une preuve de plus de leur ignorance. Mais vienne la mort, vienne même le moindre danger : il faut voir la terreur de ces petits maîtres ! Avec quels cris de paon ils demandent le prêtre qu’ils ont poursuivi de leurs sarcasmes, et qui vient leur apporter le pardon !

Tel était le personnage qui tenait ce soir-là le dé de la conversation dans le salon de madame de Vaudreuil.

— Eh bien ! madame, reprit de Sabrevois, vous croyez que je vais protester contre ce que vient de dire M. de <span class="coquille" title="St.">St Denis, que je mettrai peut-être flamberge au vent pour me venger d’une raillerie qui mériterait un coup d’épée, si elle était adressée à tout autre de ces messieurs…

— Permettez, mon ami… interrompit Daniel.

— Laissez-moi continuer, mon cher, répliqua de Sabrevois. Je ne me marierai jamais sans doute ; mais je ne suis pas contre le mariage : c’est la chasteté et la sauvegarde de l’espèce ! Il préserve la virilité du corps social. Voyez les sociétés où fleurit la polygamie, elles s’étiolent dans la torpeur des harems, elles périssent par les vices des femmes, dont elles s’imprègnent sans mesure ; elles sont sensuelles et féroces ! Plus le mariage est respecté chez un peuple, plus ce peuple approche de l’idéal social, qui est la force dans l’ordre. Donc le mariage est bon.