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La Monongahéla

trois ans, n’étaient guère disposés à se battre contre leurs voisins de la Nouvelle-Angleterre avec qui plusieurs d’entre eux entretenaient des relations d’affaires très-actives.

Les Anglais avaient brûlé toutes les habitations et enlevé les bestiaux dont une partie fut reprise cependant, de sorte que les pauvres Acadiens du Port-Royal se trouvèrent réduits à une misère profonde, sans pouvoir espérer des secours de la mère-patrie.

Disons aussi que les dissentions parmi les chefs de la flotte anglaise avaient puissamment contribué au mauvais succès de l’expédition contre Port-Royal.

Arrivé à Casco-bay, March, qui commandait la flotte anglaise, apprit qu’à Boston l’on avait déjà commencé par de grandes réjouissances à célébrer la prise de Port-Royal. Il s’empressa d’écrire au gouverneur Dudley qu’il ne partirait pas de ce poste avant d’en avoir reçu l’ordre ; qu’il n’était pas responsable du mauvais succès de son expédition et que si celle-ci était manquée, c’était grâce aux principaux officiers qui avaient soulevé contre lui les soldats et les avaient ensuite appuyés dans leur mutinerie.

Le peuple de Boston, qui l’avait condamné sans l’entendre, était fort soulevé contre ce chef et lui aurait fait un mauvais parti s’il s’était présenté en ce moment. Dudley lui répondit d’attendre ses ordres. Il assembla la législature et dit aux députés qu’il fallait s’emparer de l’Acadie, si l’on voulait effacer