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La Monongahéla

— Trêve, mon cher Daniel, épargne un peu mon excessive modestie.

Il se fit en ce moment un grand remue-ménage sur le pont, et peu d’instants après, la porte en s’ouvrant donna passage au commandant de Bienville.

Le digne émule de son frère d’Iberville, quoique à peine âgé de 28 ans, était déjà un vieux marin d’une énergie et d’une bravoure à toute épreuve. Ayant parcouru la plupart des mers du globe dans ses voyages, son intelligence s’était ornée de connaissances variées et d’une assez grande expérience des choses humaines. Ses talents maritimes lui avaient depuis longtemps acquis l’estime de ses chefs. Ils aimaient à le consulter ; car ses conseils étaient ordinairement marqués au coin d’une prudence consommée.

Arrivé depuis peu d’un voyage en France, il rapportait un surcroît d’amour pour ce beau royaume que, dans sa pensée, nul autre pays du monde n’égalait en urbanité, en gloire, en bravoure et en générosité.

De Bienville salua en souriant les deux jeunes officiers qui s’étaient levés à son approche, puis il passa dans son carré pour revenir un instant après.

Il tenait à la main plusieurs papiers.

— Mes amis, dit-il aux deux jeunes gens, vous allez prendre mon canot et vous rendre chez le gouverneur auquel vous remettrez ces papiers. Je vous