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Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/31

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La Monongahéla

timents pour cette jeune fille ? Ainsi je suis un homme faux, je dissimule, je cherche à tromper…

— Non, mon ami, non, je te crois tout le contraire. Quand, tu me déclares cette grande flamme pour mademoiselle de Linctôt, je te crois sincère ; ce que tu me dis, tu le penses…

— Mais alors ?…

— Laisse-moi te faire comprendre toute ma pensée : ce que tu dis, tu le crois vrai…

— Eh bien ! alors…

— Mais ce que tu crois vrai n’existe pas.

— Ainsi je n’aime pas Irène ?

— Tu crois l’aimer, ce qui est bien différent.

— Et pourquoi ne l’aimerais-je pas ?

— Oh ! sans doute elle en est digne à tous égards. Sa beauté, son esprit et ses qualités du cœur en font une des perles de notre société canadienne. Mais un pari, mon cher.

— Voyons le pari ?

— Eh bien ! cette jeune personne l’aurais-tu remarqué autant si tu ne l’avais pas connue dans les circonstances romanesques que tu sais bien…

— Oui, mon ami…

— Circonstances qui t’ont fait grand honneur, je l’avoue.