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Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/133

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— Tous avez désiré me voir, mon ami ? dit-elle. Hélas ! la maladie m’a bien changée, n’est-ce pas ?

— Vous êtes toujours belle pour moi, Claire, parce que je ne vous vois qu’avec les yeux du cœur.

— Mais vous, mon ami, vous êtes changé aussi, vous avez été blessé…

— Une égratignure… Ne parlons pas de moi, mais de vous plutôt…de l’avenir…

— L’avenir !…n’est-ce pas le malheur !… Laissez-moi continuer mon rêve tandis que vous êtes là…le réveil ne viendra que trop tôt.

— Non, Claire, faisons courageusement face à l’orage, car si vous le voulez, et Dieu aidant nous saurons conjurer le péril et trouver le bonheur peut-être.

— Que dites-vous, mon ami ?

— Ce que je crois la vérité.

— Oh ! vous vous abusez, et n’écoutant que votre douleur, vous allez me proposer quelque parti extrême, un projet que je ne puis, que je ne dois pas accepter.

— Claire, vous me faites injure en supposant que j’irais vous proposer un projet qui serait indigne de vous, indigne de moi…

— Louis…