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XXV

DE GOUVERNEUR À INTENDANT.


Bigot s’inclina et le suivit. Rendus dans le cabinet, debout, ils s’observèrent pendant quelques instants comme deux adversaires qui se mesurent du regard avant de croiser le fer. M. de Vaudreuil rompit le premier le silence :

M. l’Intendant, dit-il, avant de vous parler comme gouverneur, laissez-moi vous dire que l’action dont vous venez de vous rendre coupable est indigne d’un gentilhomme…

— Si c’est à seul titre de conseiller que vous voulez m’entretenir, Monseigneur, je ne vous reconnais pas le droit de me faire la leçon, et…

— Oui, monsieur, j’en ai, le droit, car vous êtes venu insulter sous mon toit, faire des violences, des menaces à une jeune fille qui m’a été confiée, que j’ai promis de protéger. Et, sachez-le bien, monsieur, tout puissant que vous soyez, vous ne viendrez pas impunément troubler la tranquillité de ceux qui sont mes serviteurs ou mes hôtes, ne l’oubliez pas, ne l’oubliez jamais !…

— Monseigneur !…