Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 157 —

— Non, monsieur. Le vrai motif, je vais vous le faire connaître. C’est que cette enfant ressent pour vous une répulsion instinctive, c’est parce qu’elle a deviné une partie de l’intention qui vous guide dans le choix que vous avez fait de sa personne. Voulez-vous que je vous dise toute ma pensée afin de vous faire bien comprendre que je ne suis pas dupe de vos menées ténébreuses ?

— Je ne sais ce que vous voulez dire ?

— Me permettez-vous de mettre au jour votre conduite ?

— Monseigneur ne peut rien dévoiler parce qu’il n’y a rien.

— Monsieur l’Intendant, depuis que vous avez été envoyé dans la colonie pour occuper le poste que vous devez à la toute puissance de Mme de Pampadour, je vous ai suivi pas à pas. J’ai vu et j’ai déploré les vexations dont vous et les vôtres vous êtes rendus coupables envers les braves et honnêtes Canadiens ; j’ai vu ces vexations avec une douleur d’autant plus vive que, jusqu’à présent, j’ai été impuissant à les faire cesser.

Tandis que vous vivez dans l’abondance, que vous donnez le spectacle de votre luxe scandaleux, tandis que vous perdez dans une seule soirée jusqu’à deux cent mille livres — vous