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camps. Cette belle figure semblait reproduire le type d’une médaille antique ; mais elle empruntait une grâce exquise et séduisante au sourire qui l’animait par intervalles. Il n’y avait d’ailleurs rien d’efféminé dans l’extérieur du jeune homme dont les yeux noirs, la voix mâle et les membres nerveux annonçaient du courage et de la résolution.

Ignace Gravel — le père de notre héros — n’avait que ce fils. Venu du Poitou avec quelques ressources, par son travail et son énergie, il avait su s’acquérir un degré de fortune assez rare à cette époque dans la colonie.

Quand ce fils lui avait été donné après 14 années d’un mariage stérile, Ignace Gravel — préjugé hélas ! que l’on rencontre si souvent de nos jours chez les cultivateurs canadiens, qui vont ainsi faire presque toujours le malheur de leurs enfants, quand ils n’ont pas à s’accuser de grêver le pays de sujets inutiles, parfois dangereux — Ignace Gravel s’était promis, disions-nous, de soustraire son fils aux rudes travaux des champs pour en faire un monsieur.

Dès son bas âge, Louis fut donc placé au Séminaire de Québec où il fit d’assez bonnes études. Quand il s’agit de se choisir une carrière, le jeune Gravel déclara qu’il n’en voulait pas d’autre que celle des armes.

Protégé par Mgr  l’évêque Pontbriand, re-