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Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/194

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Absorbée par ses pensées, la jeune fille ne s’aperçut pas que la voiture suivait le chemin de Charlesbourg. Tout-à-coup, elle s’arrêta, la portière s’ouvrit, un homme monta et s’assit près de Claire.

— Quelle est cette liberté ? dit-elle d’une voix ferme quoiqu’elle eût bien peur.

— On n’a pas l’intention de vous faire aucune violence, rassurez-vous ; à moins que vous ne soyez pas sage, lui répondit une voix inconnue. J’appelle ne pas être sage, tenter de vous échapper — ce serait difficile d’ailleurs — ou bien crier.

— Monsieur, quel est ce guet-à pens ? où me conduit-on ?

— Dans un endroit où vous trouverez tout ce qui vous sera nécessaire, soyez-en sure.

— Mais me direz vous ?…

— Je ne vous dirai rien, je n’ai pas la permission de vous répondre. Qu’il vous suffise de savoir que j’agis pour le compte d’un grand seigneur qui vous donnera sans doute toutes les explications désirables…

Un nom vint aux lèvres de la jeune fille et elle murmura avec terreur celui de Bigot.

Combien de temps la voiture roula-t-elle ? Quelle fut la distance parcourue ? Claire n’au-