Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 221 —

filles qui le repoussent, c’est vous-même ! continua Louis Gravel en s’avançant les dents serrées, la voix sifflante.

Bigot eut peur et se réfugia derrière son bureau sur lequel était un pistolet à la portée de sa main.

— D’abord, monsieur, dit-il à Louis Gravel, je vous ferai remarquer que je suis ici chez moi, que je ne donne à personne le droit d’y élever la voix à ce diapason, pas même à mes amis, encore bien moins aux gens qui viennent me chercher de sottes querelles ; puis ensuite je vous demanderai en quoi ma conduite a-t-elle pu vous donner raison de lancer contre moi une accusation aussi injurieuse ?

— Parce que c’est la vérité, que vous seul aviez intérêt à enlever Claire et à la compromettre pour la forcer à vous épouser…

— La forcer de m’épouser ? mais il me semble que je n’en avais nullement besoin, puisque son père m’a accordé sa main avec bonheur.

— Oui, mais Claire n’a pas donné son consentement et…

— C’est ce qui vous trompe puisque c’est d’elle-même, sans avoir eu besoin de faire violence à ses sentiments, qu’elle a consenti à devenir Madame Bigot.