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— Tu connais Pierre Maillard, toi ? reprit Claude.

— Et la vieille langue de pie.

— Sa femme, La Grêlée, qui a la réputation de donner des sorts parmi les habitants de Charlesbourg ? Alors la campagne se présente sous les meilleurs auspices et j’ai déjà mon plan tout préparé.

— Voyons ce plan.

— Nous, mon cher Louis, rien à faire pour le moment qu’à surveiller les allées et venues des hôtes de l’intendance, le soir surtout, afin de nous assurer si Claire n’y serait pas, ce qui est peu probable, puis suivre toutes les voitures qui partiront d’ici.

Quant à Tatassou — le moindre prétexte suffira — nous le nantissons d’une respectable provision d’eau-de-vie, il se rend au château de Beaumanoir ; il fait boire Pierre Maillard, lui tire l’aveu que Claire est bien retenue en cet endroit prisonnière — car c’est certainement lui ou sa femme qui lui porte sa nourriture — nous enlevons le château d’assaut, si c’est nécessaire, et nous la délivrons.

— Non, mon ami, tu t’abuses. Ce moyen est impossible, je ne le prendrai point, parce qu’il est immoral, reprit Louis Gravel.