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— Et moi, fit Blanche, je vais bien prier pour vous toute la nuit !

Il était près de minuit quand Claude et Louis Grave, accompagné de Tatassou, se mirent en route pour Charlesbourg.

Afin d’éviter toute rencontre fâcheuse et de ne pas éveiller les soupçons, ils prirent par le chemin de Beauport et il était près de deux heures ; du matin quand ils arrivèrent au château de Bigot.

La lune n’était pas encore sortie des nuages et un silence profond régnait dans tous les alentours.

Les trois hommes s’assirent sur l’éminence d’où la veille Tatassou avait observé Bigot et ses visiteurs, afin d’arrêter les derniers préparatifs de l’expédition et de s’entendre sur les moyens d’action. Une lueur partie d’une fenêtre du second étage, lueur fugitive qui s’éteignit aussitôt, fit lever la tête à Claude d’Ivernay ; mais déjà Tatassou, faisant signe à ses compagnons de ne pas bouger, dégringolait l’éminence et se dissimulait contre le mur, à côté de la porte basse.

Le jeune sauvage entendit les pas légers d’une personne qui descendait les marches d’un escalier, puis tout fit silence comme quelqu’un qui semble hésiter. Une main fit