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Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/260

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Mademoiselle Boucault de Godefroy, un ange de pureté et de candeur, faisant savoir au monde, qui connaît les mœurs de l’intendant Bigot, qu’elle a été plusieurs jours sa prisonnière ! Ah ! ah ! ah ! Quelle réputation compromise ! Quel manteau virginal avarié !

Car elle aura beau protester, qui croira qu’une jeune fille aura pu se soustraire à mes désirs, quand je la tenais sous ma main ? Personne, si ce n’est l’entourage du gouverneur.

Quant à celui-ci, je saurai bien le brider. Que l’on me fasse mon procès, et j’ai si bien préparé mes ficelles qu’il sera le premier à me défendre quand je lui montrerai l’abîme où je peux l’entraîner. Donc il faut payer d’audace et me montrer.

En passant à l’ennemi, je m’avoue coupable par le fait même et je perds toute la partie de ma fortune que je n’ai pas eu le temps de réaliser.

Et Claire ? Je ne la perds encore, si son père ne songe pas à la marier tant que le sort de la colonie ne sera pas définitivement décidé. D’ailleurs, que la situation se complique et il sera temps d’aviser.

Ainsi raisonnait Bigot, et force nous est de convenir que les événements semblaient ne pas lui donner tort. La perte de la bataille des