Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/268

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sans meubles, sans charrue et sans outils pour travailler la terre et couper le bois. Les églises, au nombre de dix, ont été conservées ; mais les portes, les autels, les statues, les tabernacles ont été brisés.

« La mission des sauvages abénakis de St-François a été entièrement détruite par un parti d’anglais et de sauvages ; ils y ont brulé tous les ornements et les vases sacrés, ont jeté par terre les hosties consacrées et ont égorgé une trentaine de personnes, dont plus de vingt femmes et enfants.

De l’autre côté de la rivière, au sud, il y a environ trente six lieues de pays établi, qui ont été à peu près également ravagées et qui comptent dix-neuf paroisses dont le plus grand nombre a été détruit. Ces quartiers n’ont aucune denrée à vendre, et ne seront pas rétablis d’ici à plus de vingt ans dans leur ancien état. Un grand nombre de ces habitants, ainsi que ceux de Québec, viennent dans les gouvernements de Montréal et des Trois Rivières ; mais ils ont bien de la peine à trouver des secours. Les loyers, dans les villes, sont hors de prix, ainsi que toutes les denrées… L’année prochaine, il sera difficile d’ensemencer, par ce qu’il n’y a pas de labour de fait. J’atteste que dans cette description de nos malheurs il n’y a rien d’exagéré, et je supplie nos seigneurs les évêques et les personnes charitables de faire quelques efforts en notre faveur. »