Aller au contenu

Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 270 —

soutient une autre jeune fille qui paraît étrangère à tout ce qui passe autour d’elle, les yeux secs et fixes, le teint plus blanc que la cire, les cheveux épars, affaissée sur elle-même. Ce spectacle est navrant, car rien ne peut égaler la douleur de Claire de Godefroy.

Plus loin, dans l’ombre, debout, immobile, on aperçoit la sombre et farouche silhouette de Tatassou.

Deux bougies éclairent de leurs lueurs blafardes cette scène de désespoir et de mort.

— Voyons, mon enfant, du courage, fait, madame de la Gorgendière, priez pour celui qui vous a tant aimée !… Voyons, Claire, mon enfant, ne m’entendez-vous pas ?…

La jeune fille est toujours impassible, inerte, sans vie…

Tout-à-coup, elle promène un regard égaré sur tous les objets qui l’environnent, étreint sa tête à deux mains dans un mouvement convulsif, jette un cri de désespoir, le cri de la tigresse, le cri de la hyène à laquelle on enlève ses petits, et se précipite sur le corps de son fiancé avant même qu’il ait été possible de prévenir son action :

— Louis !… Louis !.. Non, il est impossible que Dieu l’ait permis… Non, Louis, tu n’es pas