Aller au contenu

Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 85 —

— Votre amour excuse donc à mes yeux tout ce que votre conduite semble avoir d’étrange.

— Étrange est peut-être le mot, balbutia Bigot.

— Convenez que c’est pour servir cet amour que vous avez procuré à mon père une place lucrative, que vous l’avez même intéressé dans une compagnie dont vous êtes le chef, que vous avez cherché enfin à vous en faire une créature, calculant sur son honnêteté, sur sa faiblesse…

— Mon Dieu, mademoiselle, vous me permettrez de garder le silence sur cette question… Et quand même cela serait…

— Achevez donc, monsieur, achevez de grâce ! fit Claire voyant que Bigot semblait hésiter à s’ouvrir entièrement.

— Eh ! bien ! ce ne serait, après tout, qu’une preuve d’amour.

— Ainsi vous convenez…

— Je ne conviens de rien, mademoiselle.

— Jurez-moi, monsieur, qu’en accordant des faveurs à mon père vous n’avez pas voulu vous assurer ma main !

— Je ne jure rien.

— C’est bien, monsieur, me voilà suffisamment fixée.