changement qui se fait dans toute ma personne.
— Alors, mon cher, épouse. Voilà tout.
— Tu en parles bien à ton aise.
— Mais puisque tu es aimé de la jeune fille qui a le bon goût de te préférer à cette canaille de Bigot.
— Oui, mais tu oublies son père, ce vieillard si fier de sa noblesse, qui ne consentira jamais à donner sa fille à un vilain de mon espèce.
— Que me chantes-tu là ! Tu m’assures qu’il consentirait à une alliance avec Bigot ? Or, je ne vois pas où celui-là peut prendre ses quartiers. Quant au degré de fortune, la tienne, en qualité de fils unique d’un père riche, est fort respectable. Si on ajoute que tu es un savant, pas trop mal de ta personne, reçu dans le meilleur monde où tu figures avec avantage et… que tu as eu le rare avantage de sauver la charmante Claire, voilà, il me semble, des titres solides à la bienveillance de M. de Godefroy.
— Est-ce que ton amitié pour moi ne t’engagerait pas à me bercer d’un faux espoir, comme on fait aux enfants gâtés ?
— D’honneur, non. Et si tu en veux la preuve, accompagne-moi, dès ce soir même, chez M. de Godefroy où je dois aller rejoindre ma sœur qui y passe la soirée.