’impatience d’habiter l’Ermitage ne me permit pas d’attendre le retour
de la belle saison ; et sitôt que mon logement fut prêt, je me hâtai de m’y
rendre, aux grandes huées de la coterie holbachique, qui prédisait hautement
que je ne supporterais pas trois mois de solitude, et qu’on me verrait dans
peu revenir avec ma courte honte, vivre comme eux à Paris. Pour moi, qui
depuis quinze ans hors de mon élément, me voyais près d’y rentrer, je ne
faisais pas même attention à leurs plaisanteries. Depuis que je m’étais,
malgré moi, jeté dans le monde, je n’avais cessé de regretter mes chères
Charmettes, et la douce vie que j’y avais menée. Je me sentais fait pour la
retraite et la campagne ; il m’était impossible de vivre heureux ailleurs : à
Venise, dans le train des