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Les Exploits d’Iberville

embellir votre foyer, ayez quelques fois une rare pensée pour la pauvre exilée. Pour moi, je ne vous oublierai jamais.

Que dis-je ! C’est dans mon cœur que je porterai toujours votre image, image d’un frère chéri… Voyez-vous ! j’ai toujours devant les yeux cet horrible poteau du supplice auquel mon père était attaché… j’entends ces cris affreux d’une bande de démons qui le torturent, les propositions de ce hideux sauvage qui veut me faire partager un sort pire que celui de mon père. Alors vous m’apparaissez comme un ange sauveur !…

« Adieu ! mon ami, encore une fois, adieu ! Soyez noble et généreux, ne cherchez pas à pénétrer le secret de ma retraite. Ne venez pas, par vos recherches, augmenter le chagrin que j’ai de vous quitter pour toujours… Adieu ! mon ami, soyez heureux !…

« Yvonne. »

Le jeune homme lut jusqu’au bout malgré de grosses larmes qui coulaient sur son visage. Puis, à bout de forces, il se jeta aux pieds de sa mère et il sanglota la suppliant de lui rendre Yvonne.

Madame Glen fut réellement effrayée de la douleur de son fils. Elle ne savait réellement plus rien.

Cependant la jeune fille n’avait emporté qu’un très-mince paquet de hardes ; elle devait avoir peu d’argent ; elle ne pouvait pas être loin. La mère de Lewis, dans son chagrin, espéra qu’elle reviendrait