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Les Exploits d’Iberville

de paroles assez fortes pour vous exprimer dignement mon éternelle et profonde reconnaissance !…

— Bien, mon enfant. Si tu es content de mes soins, laisse-moi te dire en revanche que tu as comblé tous mes vœux, que tu as dépassé toutes mes espérances et que tu es bien réellement le fils de mes affections. Oui, ta présence a pu seule réaliser ce miracle que je croyais impossible de refermer les plaies de mon âme. En te voyant croître en force et en bonté, j’ai senti un nouveau souffle de vie renaître en mon cœur, un sang plus riche couler dans mes veines. Aussi, tu es ma joie, mon orgueil, et, crois-le — je puis te l’avouer sans t’enorgueillir — il n’est pas un gentilhomme de ce beau royaume de France qui ne serait pas fier de t’appeler son fils.

« Et comme j’ouvrais la bouche pour protester, il me fit signe de ne pas l’interrompre et continua :

— Je t’ai bien jugé, mon enfant, tu es bon, ton cœur est noble et ton âme est remplie de sentiments élevés. Je crois avoir aidé à développer en toi ces brillantes qualités, et cette pensée sera la joie de mes derniers jours… Or, mon enfant, il est temps pour toi de recevoir la récompense de tes vertus. Jusqu’à ce jour, tu n’étais que le fils de mon affection, tu vas devenir de plus mon fils suivant la loi…

— Mon père, que voulez-vous dire ? m’écriai-je.

— Maître Nicolas Raguteau a préparé pour moi un acte d’adoption bien en règle que je vais signer tout à l’heure, sceller de mes armes. J’obtiendrai