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Les Exploits d’Iberville

ne peux plus vivre de cette vie-là. Seule, inactive tout le jour, je sens l’ennui qui me gagne, et si vous ne venez pas à mon secours en m’accordant la faveur que je vous demande, je ne réponds plus de mon courage.

Le vieillard n’avait rien à refuser à sa fille. Du reste, il comprit la nécessité de lui fournir une distraction quelconque.

Grâce à la recommandation de M. Clark, Yvonne se procura facilement du travail et bientôt il n’y eut pas dans toute la ville une élégante qui ne voulût avoir des broderies confectionnées par la jeune french-woman. Ses profits ajoutés au salaire de son père amenèrent bientôt dans la maison une véritable aisance et le moyen même de faire des économies.

Un soir, Pierre Dumas arriva chez le père Kernouët avec un petit air mystérieux qu’on ne lui connaissait point.

— Votre père est-il ici ? demanda-t-il à la jeune fille.

— Il repose dans la salle, mais je vais l’éveiller.

— S’il vous plait, car j’ai une communication importante à lui faire.

— Qu’est-ce donc ? mon cher Pierre, dit le vieillard qui entrait en ce moment dans la salle.

— Tenez, monsieur Kernouët, dit Pierre Dumas en tendant un petit morceau de papier qu’il venait de retirer de sa poche.