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Les Exploits d’Iberville

rouge, probablement avec du sang, les lignes suivantes qu’elle lut à haute voix :[1]

« Prisonnier à New-York. Enlevé à Pentagouet dans l’échange des prisonniers contre le droit des gens. Faire parvenir nouvelle au gouverneur du Canada. 22 soldats enlevés avec moi retenus à Boston. »

« Villedieu. »

— Oh ! ces Anglais ! toujours nobles, dans leurs procédés ! murmura le père d’Yvonne.

— N’y a-t-il pas moyen de venir en aide à ce malheureux ? demanda la jeune fille.

— Mes amis, reprit Kernouët, il est temps que je vous fasse part d’un projet que je muris depuis long-

  1. Après la prise du fort Pemquid, d’Iberville conduisit à Pentagouet une partie de la garnison qu’il confia à la garde de Villedieu et envoya une dépêche à Boston pour traiter de l’échange des prisonniers. Voici en quels termes l’abbé Ferland raconte la négociation :

    « Une frégate fut envoyée de Boston pour traiter de l’échange des prisonniers laissés à Pentagouet. Mais, comme le commandant anglais se trouva le plus fort, il ne contenta point de réclamer ses compatriotes, il arrêta Villedieu, chargé de négocier avec lui, et vingt-deux soldats, laissés pour protéger le poste.

    « L’officier français fut conduit à Boston, et jeté dans une prison, où il eut beaucoup à souffrir ; il y était gardé si étroitement, qu’il ne pouvait communiquer avec personne du dehors.

    Cependant, malgré toutes les précautions de ses géoliers, il trouva le moyen d’informer de son emprisonnement le gouverneur du Canada par quelques lignes tracées avec son sang sur un petit morceau de papier. »