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Les Exploits d’Iberville

froideur apparente est un indice de calme, et, dit à ceux qui l’interrogent avec soin que ce jeune homme possède déjà l’expérience des dangers passés sans avoir la crainte des dangers à venir.

En somme, toute sa personne respire cette expression de réserve et de force particulière qui frappe, au premier abord, chez les vrais marins, ces hommes qui passent leur vie au milieu des dangers.

Urbain Duperret-Janson donne le bras à une adorable jeune fille, à peine sortie de l’enfance, brune de teint, aux cheveux cendrés et aux yeux noirs, encadrés sous de magnifiques sourcils. Le nez présente les proportions exactes dont un statuaire eût rêvé. La bouche est peut-être un peu trop grande, mais elle est garnie de belles dents ; ce qui fait ressortir encore des lèvres dont le carmin vif tranche avec la pâleur du teint.

Mais ce que la plume ne saurait rendre, c’est l’air de candeur, de pureté virginale répandu sur cette jolie figure. Elle porte un costume qui rappelle celui des paysannes bretonnes.

De fait, Yvonne est la fille de Jean-Marie Kernouët, émigré du village de Landernau, paysan riche, établi depuis quelques années dans la partie supérieure de l’Île de Montréal.

Jean-Marie Kernouët, vieillard aux traits accentués, de grande taille, à la physionomie douce cependant, que les ans n’ont pu courber, suit les deux jeunes gens.