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Les Exploits d’Iberville

le jeune homme ; nous aurons peut-être ainsi la chance de les éviter. Du reste, vous savez que mon congé expire dans quelques jours, que le commandant d’Iberville est prêt à mettre à la voile et qu’il ne badine pas avec la discipline.

— Mais vous croyez savoir que les bandes iroquoises sont entrées en campagne ? ajouta Urbain, d’un air inquiet. Vos renseignements sont-ils positifs, M. Kernouët ?

— Malheureusement non ; mais après l’attentat dont leurs chefs ont été victimes, et l’ineptie connue du gouverneur, j’ai raison de supposer que nous ne serons pas longtemps sans entendre parler de leurs exploits.

— Eh bien ! voilà précisément ce qui m’inquiète, ce qui me navre de partir. La pensée que vous pouvez être exposés à la barbarie de ces féroces sauvage et que je ne serai pas là pour vous protéger, pour vous défendre, me torture le cœur et l’esprit.

— Bah ! rassurez-vous, mon cher monsieur Urbain, reprit le père Kernouët, et partez l’esprit en repos : le vieux breton de Landernau est encore solide et sait se servir de son mousquet. Dans l’occasion, il saura bien défendre, et sa fille, et son bien.

— Et dire que vous n’aurez même pas le secours de votre fils Olivier, enchaîné comme moi par le devoir sur un vaisseau du roi.

— Ne vous plaignez pas, Urbain, reprit la jeune