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Les Exploits d’Iberville

— As pas peur ! mon commandant, les goddem la danseront avec nous s’ils viennent à l’abordage, c’est juré…

D’Iberville prit la main du maître qu’il serra fortement.

— Bien, vieux ! dit-il, bien, très-bien et merci.

— Y a pas de quoi, mon commandant.

— À ton poste, maintenant, et motus pour tout le monde, même à Urbain, tu comprends ?

— Oui, mon commandant.

D’Iberville ouvrit la porte et s’élança sur le pont, suivi de Cacatoès.

— Et dire, grommelait celui-ci, qu’ils sont trois et…

Le reste de la phrase se perdit dans une longue kyrielle des jurons les plus sonores que le vieux maître put trouver dans son immense répertoire. En passant près du mousse Fanfan, celui-là même qu’il avait la coutume de caresser d’une si drôle de façon :

— Veux-tu du tabac, petit ? dit-il à l’enfant en lui présentant sa blague ouverte.

Le mousse resta bouche béante en face du sourire bienveillant du vieux maître qui portait son bonnet plus relevé que jamais :

— La brise adonne ! murmura l’enfant. Mais faut-y que maître Cacatoès croit qu’on va se bûcher pour qu’il soit si aimable que ça !