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Page:Rousseau - Les exploits d'Iberville, 1888.djvu/221

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Les Exploits d’Iberville


    frêles embarcations, ils plongeaient leurs avirons à l’eau sans bruit, les commandements se donnaient tout bas.

    « Les Canadiens se précipitèrent dans les cabines. Le capitaine d’un navire qui avait fait naufrage sur ces côtes l’automne précédent, réveillé en sursaut, saisit d’Iberville au collet ; mais le Canadien était d’une force et d’une prestesse peu communes, il lui asséna un coup de sabre sur la tête et l’étendit raide mort. Un matelot fut aussi tué et les autres se rendirent à discrétion au nombre desquels se trouva le gouverneur-général de la Baie d’Hudson.

    « Aussitôt le signal de l’attaque fut donné contre le fort qui fut enlevé après quelque résistance….........................

    « On amena à terre le général Briguer, dont l’orgueil froissé ne pouvait supporter l’idée d’avoir été pris comme une souris dans une souricière. On le turlupina un peu, il y avait de quoi : un bâtiment de mer fait prisonnier par deux canots d’écorce !

    — Rendez-moi, disait-il, mon vaisseau avec mes quatorze hommes, et je défie tout ce qu’il y a de Français ici.

    — Vous feriez mieux, lui dit-on, de radouber le brick, qui a été abandonné dans le port, de passer avec votre monde en Angleterre.

    « Des ouvriers anglais se mirent de suite à ce travail.

    D’Iberville amarina sa prise et fit voile à son bord pour le fort Monsoni et le 10 août reprit la route de Montréal, après s’être emparé du fort St-Anne où la petite armée fit un butin de cinquante mille écus de pelleteries, et arriva à destination en Octobre. La campagne avait duré huit mois.