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Les Exploits d’Iberville

— Retirez-vous dans votre tente, dit-il à la jeune fille, soignez votre père, priez Dieu. Je vais essayer tout ce qui sera humainement possible pour vous sauver et je compte y réussir.

— Et maintenant, mon frère, dit-il à Tête d’Aigle aussitôt qu’Yvonne se fut retirée, parlons comme deux guerriers.

— Mon frère aime la Fleur du Lac, comme il l’appelle, ajouta-t-il, mais a-t-il bien pesé les conséquences de son amour ?

— Tête d’Aigle l’aime, répondit le sauvage, il l’aime et la veut pour faire l’ornement de son wigwam.

— Tête d’Aigle est un grand guerrier, sa femme doit être aussi noble que lui. Tandis que dans sa tribu il peut choisir parmi les plus jolies squaws, comment ira-t-il s’abaisser jusqu’à donner possession de son wigwam à une fille de ses ennemis ?

— La Fleur du Lac est la plus belle !…

— Que mon frère écoute. N’est-il pas vrai que dans le dernier Conseil, on a beaucoup murmuré contre la conduite de mon frère à l’égard de ses prisonniers ? Que mon frère ne nie pas, je sais.

— Mon frère connaît tout et sa langue n’est pas menteuse.

— Eh bien ! pour un simple caprice, voici à quoi s’expose le chef. D’abord ses guerriers mépriseront