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Les Exploits d’Iberville

Agniers, murmurer au moment où il sortait de la tente après le marché conclu avec Lewis Glen :

— Tête d’Aigle a la prudence du serpent et la finesse du renard ; quand il aura vaincu ses ennemis, il saura bien retrouver la jeune Fleur du Lac !

Ces paroles nous fournissent l’explication de la facilité avec laquelle le chef sauvage avait cédé ses prisonniers auxquels il tenait tant cependant.

C’est que Tête d’Aigle comptait bien en effet d’une pierre faire deux coups, que l’on nous passe l’expression, c’est-à-dire se procurer d’abord les armes dont il avait besoin pour tenir la campagne, puis, par tous les moyens possibles, reprendre ses prisonniers.

Un soir que le parti de Glen était campé dans une petite baie de la rivière Agnier qu’il descendait pour se rendre à Corlaer, il sembla à la sentinelle placée près de la tente de son chef, qu’un buisson situé à une certaine distance avait pris une direction plus oblique et s’était rapproché de la tente d’Yvonne.

Le soldat voulut en avoir le cœur net. Faisant un détour, il s’approcha en rampant de l’endroit qui avait attiré ainsi son attention. Aussitôt, il vit s’arrêter le buisson et deux sauvages en sortirent qui prirent leur course vers le bois, salués au passage par le fusil de la sentinelle. En un instant, tout le camp fut sur pied. Le bois fut fouillé une partie de la nuit, mais inutilement, on ne trouva que de nombreuses pistes.