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Les Exploits d’Iberville

À peine arrivé parmi les sauvages, j’appris qu’ils étaient de retour d’une expédition vers Montréal, qu’ils avaient ravagé je ne sais combien de villages, massacré toute une population et qu’ils avaient ramené des prisonniers. Un de mes soldats m’apprit même, qu’il avait aperçu parmi ceux-ci une jeune fille d’une grande distinction et d’une rare beauté.

Je me la fis amener, en dépit de la répugnance du chef de la tribu, et vous l’avouerai-je ? je constatai que le soldat ne m’avait rien exagéré. Cette jeune fille me frappa réellement par son air de distinction et la grâce de toute sa personne.

— Quel embrasement ! interrompit Ellen d’un air mutin.

Le jeune homme rougit, mais il continua :

— Cette jeune fille m’apprit qu’elle avait été fait prisonnière avec son père à Lachine, près de Montréal, que le chef voulait la forcer à l’épouser…

— Pas dégoûté, le chef ! interrompit de nouveau Ellen.

— Bref, sur son refus, il la menaçait de faire mourir son père dans la torture, et déjà le supplice était commencé quand mon arrivée seule avait suspendu les tourments.

— Est-ce cette jeune fille ?…

— Un moment, ma mère, laissez-moi finir mon récit.