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Les Exploits d’Iberville

Bien des fois, dans les heures de douce causerie, après les classes d’Ellen, la mère de celle-ci s’était complu à parler à Yvonne de ses projets d’avenir pour son fils, des qualités et des charmes d’une riche héritière de la famille Campbell, dont le chef était un planteur des environs de la ville.

Bien des fois même, et surtout depuis qu’elle constatait le changement de Lewis, madame Glen affectait de lui parler de ces projets de mariage en présence de son fils, qui n’avait jamais protesté. La jeune fille savait même que l’on était sur le point de faire les premières démarches officielles.

Ces confidences rassuraient Yvonne sur la tendance des sentiments de Lewis à son égard, et lui firent bientôt reprendre sa tranquillité.

Un jour Yvonne était allée à la diligence de l’endroit pour accompagner son père envoyé par son patron à New-York afin d’y occuper un emploi supérieur dans une succursale de la maison.

Ce départ attristait la jeune fille qui allait se trouver bien isolée. Quand elle eut vu son père emporté par la lourde voiture, elle se sentit horriblement seule. Elle sortit vite du bureau de la diligence pour cacher ses larmes ; mais dans la rue elle se trouva en face de Lewis.

— Eh bien ! lui dit-il en lui offrant son bras, vous pleurez ? Je m’attendais bien à cela, et j’ai voulu me trouver ici, où les prétextes ne manquent pas pour le