Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/105

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preuves, j’ai droit de compter que vous ne vous rendrez pas difficiles sur leur solidité. Je dis que tout homme qui parle ainsi a plus d’attention à fermer la bouche aux gens, que d’envie de les convaincre.

Si vous lisez attentivement la réfutation, vous n’y trouverez presque pas une ligne qui ne semble être là pour attendre et indiquer sa réponse. Un seul exemple suffira pour me faire entendre. « Les victoires que les Athéniens remportèrent sur les Perses et sur les Lacédémoniens mêmes font voir que les arts peuvent s’associer avec la vertu militaire. » Je demande si ce n’est pas là une adresse pour rappeler ce que j’ai dit de la défaite de Xerxès, et pour me faire songer au dénouement de la guerre du Péloponnèse. « Leur gouvernement, devenu vénal sous Périclès, prend une nouvelle face : l’amour du plaisir étouffe leur bravoure, les fonctions les plus honorables sont avilies, l’impunité multiplie les mauvais citoyens, les fonds destinés à la guerre sont destinés à nourrir la mollesse et l’oisiveté : toutes ces causes de corruption, quel rapport ont-elles aux sciences ? »

Que fait ici M.  Gautier, sinon de rappeler toute la seconde partie de mon Discours où j’ai montré ce rapport ? Remarquez l’art avec lequel il nous donne pour causes les effets de la corruption, afin d’engager tout homme de bon sens à remonter de lui-même à la première cause de ces causes prétendues. Remarquez encore comment, pour en laisser faire la réflexion au lecteur, il feint d’i-