Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/120

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la nature contribue à élever les sentiments, à régler la conduite ; elle ramène naturellement à l’admiration, à l’amour, à la reconnaissance, à la soumission, que toute âme raisonnable sent être dus au Tout-Puissant. Dans le cours régulier de ces globes immenses qui roulent sur nos têtes, l’astronome découvre une puissance infinie. Dans la proportion exacte de toutes les parties qui composent l’univers, le géomètre aperçoit l’effet d’une intelligence sans bornes. Dans la succession des temps, l’enchaînement des causes aux effets, la végétation des plantes, l’organisation des animaux, la constante uniformité et la variété étonnante des différents phénomènes de la nature, le physicien n’en peut méconnaître l’auteur, le conservateur, l’arbitre, et le maître.

De ces réflexions, le vrai philosophe descendant à des conséquences pratiques, et rentrant en lui-même, après avoir vainement cherché dans tous les objets qui l’environnent ce bonheur parfait après lequel il soupire sans cesse, et ne trouvant rien ici-bas qui réponde à l’immensité de ses désirs, il sent qu’il est fait pour quelque chose de plus grand que tout ce qui est créé ; il se retourne naturellement vers son premier principe et sa dernière fin. Heureux si, docile à la grâce, il apprend à ne chercher la félicité de son cœur que dans la possession de son Dieu !