Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/216

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les démonstrations mêmes d’Euclide, et tout ce qu’il y a de démontré dans l’univers. Il me semble, à moi, que ceux qui m’accusent si témérairement de parler contre ma pensée, ne se font pas eux-mêmes un grand scrupule de parler contre la leur ; car ils n’ont assurément rien trouvé dans mes écrits, ni dans ma conduite, qui ait dû leur inspirer cette idée, comme je le prouverai bientôt ; et il ne leur est pas permis d’ignorer que, dès qu’un homme parle sérieusement, on doit penser qu’il croit ce qu’il dit, à moins que ses actions ou ses discours ne le démentent : encore cela même ne suffit-il pas toujours pour s’assurer qu’il n’en croit rien.

Ils peuvent donc crier, autant qu’il leur plaira, qu’en me déclarant contre les sciences, j’ai parlé contre mon sentiment. À une assertion aussi téméraire, dénuée également de preuve et de vraisemblance, je ne sais qu’une réponse ; elle est courte et énergique, et je les prie de se la tenir pour faite.

Ils prétendent encore que ma conduite est en contradiction avec mes principes, et il ne faut pas douter qu’ils n’emploient cette seconde instance à établir la première ; car il y a beaucoup de gens qui savent trouver des preuves à ce qui n’est pas. Ils diront donc, qu’en faisant de la musique et des vers, on a mauvaise grâce à déprimer les beaux-arts, et qu’il y a dans les belles-lettres, que j’affecte de mépriser, mille occupations plus louables que d’écrire des comédies. Il faut répondre aussi à cette accusation.

Premièrement, quand même on l’admettrait dans