Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/239

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AVIS DE L’ÉDITEUR.

Par la question précédente, l’académie de Dijon avait acquis de la célébrité, moins pour la question en elle-même que parce quelle eut la hardiesse de couronner une opinion qui ne parut être qu’un paradoxe, et qu’heureusement pour l’impartialité du tribunal académique, l’auteur méritait le prix d’éloquence par le talent avec lequel il avait traité cette opinion nouvelle et hardie. Si l’on suppose qu’aucun des concurrents n’eût soutenu la négative, on conviendra sans peine que la question eût été, dès sa naissance, oubliée, et que dès-lors l’académie fût restée encore dans l’obscurité : mais elle avait ouvert une lice dans laquelle d’illustres rivaux se mesurèrent, et même où l’on vit un roi se mêler du combat, qui, pendant quelque temps, occupa les trompettes de la renommée.

Il est probable que ce résultat inattendu influa sur la conduite de l’académie de Dijon. Elle sentit que la célébrité dont toute société littéraire est à bon droit jalouse, pourrait dépendre du choix des sujets qu’elle mettrait au concours. Si, comme il est présumable, ce fut par ce motif qu’elle proposa de rechercher l’origine de l’inégalité parmi les hommes, elle ne pouvait appeler l’attention du public sur un objet plus important. Mais en ayant le courage de le proposer, il fallait en avoir assez pour poser la couronne sur le front de celui qui la méritait. Ce fut l’abbé Talbert qui la reçut. Ce jugement parut d’autant plus suspect, que ni le tribunal, ni le vainqueur