Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/43

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AVIS DE L’ÉDITEUR.



L’Académie de Dijon, fondée en 1740[1], se fit peu connaître pendant les dix premières années de son existence. Une question qu’elle mit au concours lui donna tout-à-coup de la célébrité. Elle proposa d’examiner si le rétablissement des sciences et des arts avait contribué à épurer les mœurs. Le choix de ce sujet pouvait surprendre sous plus d’un rapport, et paraître singulier et hardi. Mettre en doute l’utilité du rétablissement des sciences et des arts ; convenir qu’il serait possible que ce rétablissement eût contribué à la dépravation des mœurs ; s’obliger à récompenser celui qui le prouverait avec le plus d’éloquence, cette conduite ne semblait-elle pas étrange de la part des membres d’une compagnie savante et littéraire ? n’était-ce pas exposer au blâme les encouragements donnés par les princes aux sciences, aux belles-lettres, aux arts ; les princes eux-mêmes, enfin tous ceux qui se livrent à l’étude, et conséquemment les académiciens qui mettaient la question au concours ? S’il y eut de la hardiesse à proposer ce sujet, il y en eut plus encore à poser la couronne sur la tête du téméraire qui, tonnant contre les arts, allait bientôt être accusé de vouloir nous replonger dans la barbarie. Cet homme, ce fut Rousseau.

Il concourut, composa son discours dans l’été de 1749,

  1. Par M. Pouffier, doyen du parlement de Bourgogne. Elle ne tint sa première séance que le 13 janvier 1741.