Page:Roussel - Idées religieuses et sociales de l’Inde ancienne.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Kṛṣṇa engagea Bhîma à déployer contre son adversaire la force qu’il tenait de la Destinée et de Mâtariçvan[1] et dont, parait-il, jusqu’alors il n’avait point fait usage. Le Pâṇḍava saisit alors Jarâsañdha, le fit pirouetter cent fois au-dessus de sa tête, puis il le cassa en deux sur ses genoux[2] comme un roseau sec. D’après le Bhâgavata, qui reprend en sous œuvre les légendes du Mahâbhârata, ce duel formidable dura vingt-sept jours, les deux champions se reposant la nuit « comme des amis ». Le vingt-huitième, Bhîma se plaignit à Kṛṣṇa de ne pouvoir venir à bout de son antagoniste. Kṛṣṇa, sans lui répondre, arracha une branche d’arbre. Bhîma comprit. Il terrassa Jarâsañdha et le prenant par une jambe, il le déchira en deux moitiés parfaitement égales[3].

Cependant Bhîma, s’emparant du char merveilleux du vaincu, revint avec Arjuna et Kṛṣṇa retrouver Yudhiṣṭhira, non sans avoir préalablement délivré les rois que Jarâsañdha détenait captifs et qui s’attachèrent à sa personne, par reconnaissance. Plus que jamais, cela va de soi, l’aîné des Pâṇḍavas désira le Bâjasûya. Ses frères alors prirent congé de lui et se partageant les quatre points cardinaux partirent à la conquête de l’univers, pour lui permettre de se faire proclamer empereur du monde[4].

Le poète ne laisse pas échapper cette magnifique occasion, qu’il s’est d’ailleurs habilement ménagée, d’étaler ses connaissances géographiques. Il nous énumère donc les peuples que soumit chacun des quatre frères de

  1. Surnom du Dieu du Vent, père de Bhîma, dans une existence antérieure.
  2. XXIV. 5 et 6.
  3. 10, LXXII, 40 et seq.
  4. XXV.