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des lits, des pièces d’or et des femmes par centaines de milliers »[1].

Ce qui lui permit cette munificence inouïe, ce fut la prodigieuse quantité de présents qui lui furent faits à lui-même. En effet :

« Désireux de voir cette Sabhâ et Yudhiṣṭhira, le roi de la Justice, il n’y eut personne qui n’apportât un millier d’offrandes »[2].

Le lecteur n’a pas oublié que de toute part on était accouru à la cérémonie, grâce aux victoires remportées par les Pâṇḍavas sur tous les rois du monde qui devinrent ainsi les vassaux de Yudhiṣṭhira et conséquemment ses tributaires. Les rois des Dravidiens, des Singhalais, ceux du Kachemir, du Cambodge, nous l’avons vu, s’étaient rendus à la convocation du prince qui devenait leur chef suprême[3].

Cependant Yudhiṣṭhira, dans la répartition des places et des rôles, consulta les goûts de chacun. C’est ainsi que

« Kṛṣṇa, le centre de tous les mondes, voulant cueillir le fruit suprême[4] s’engagea, de lui-même, à laver les pieds des Brahmanes »[5].

Ainsi donc Bhagavat, Hari, Viṣṇu, Kṛṣṇa, de quelque nom que l’appelle le poète, voulait, pour assurer sa supériorité sur les autres Dieux, se mettre au service des Brahmanes et leur rendre les offices les plus humbles. Si le grand Dieu du ciel, loin de s’abaisser, cherche au contraire à grandir davantage, en lavant les pieds des Brahmanes, comment les hommes, les plus puissants

  1. Id. 51 et 52.
  2. XXXV, 11.
  3. XXXIV, 12.
  4. La suprême béatitude.
  5. XXXV, 10.