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à droite de la ville[1] ; des animaux carnassiers, des vautours, des chacals, des corbeaux se repurent de la chair et des os des morts, emplissant de leurs cris les temples, les chapelles, les enclos sacrés, les places publiques. Il ajouta :

« Ces présages formidables, terribles, annoncent manifestement la destruction des Bharatas, ô prince ; et cela parce que tu as suivi de mauvais conseils »[2].

Pendant que Vidura et Dhṛtarâṣṭra s’entretenaient ainsi devant tous, voici que soudain apparut, au milieu de la Sabhâ, Nârada, le céleste Ṛṣi, entouré des grands Ṛṣis. Il prononça cette parole redoutable :

« À partir de maintenant, dans la quatorzième année[3], les Kauravas, par la faute de Duryodhana, succomberont devant la vaillance de Bhîma et d'Ârjuna ».

Ayant ainsi parlé, le meilleur des Ṛṣis divins, en vertu de sa puissance brahmanique supérieure, franchissant le ciel, disparut aussitôt[4].

Les Kurus se sentant perdus recoururent à Droṇa, comme à leur suprême espoir et le conjurèrent de les sauver. Ils lui offrirent leur royaume. Droṇa leur déclara que le sort étant inéluctable, ils devaient périr infailliblement. Lui-même ne tomberait-il pas un jour sous les coups de Dhṛṣṭadyumna ? Il leur fallait donc en prendre leur parti.

« Votre bonheur sera court, de même que, dans l’hiver.

  1. Littéralement « en laissant la ville à gauche. »
  2. LXXX, 28-31.
  3. C'est-à-dire au bout de treize ans révolus, le quatorzième commençant.
  4. Id. 32-35. Cette puissance brahmanique ou de Brahmâ permettait, suivant la glose, à celui qui en était investi, de se transporter magiquement partout où il voulait.