Page:Roussel - Idées religieuses et sociales de l’Inde ancienne.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment » telles étaient les interpellations que s’adressaient les nombreux Deux-fois-nés en se querellant[1].

La Fontaine dit encore, dans cette même fable du Renard et du Chat :

Eux de recommencer la dispute à l’envi,
Sur le que si, que non…

Et comme il n’y a rien de nouveau sous le soleil, même lorsqu’il s’agit de gens qui se disputent, Vaiçampâyana, le narrateur, observe que :

« Les raisons faibles, ils les rendaient fortes, et les fortes ils les rendaient faibles, à l’aide d’arguments puisés dans les castras »[2].

Aujourd’hui encore, les textes les plus respectables ne servent-ils pas à étayer les systèmes les plus contradictoires, et ne les sollicite-t-on pas, plus ou moins doucement, à dire le oui ou le non, suivant la fantaisie de ceux qui les invoquent ?

Toutefois, c’était là, de la part de ces vénérables personnages, un passe-temps aussi légitime qu’agréable, et loin de les incriminer, l’auteur ajoute que l’enceinte sacrée ainsi remplie de Dieux, de Brahmanes et de grands Ṛṣis, occupés à se quereller, ressemblait à un ciel étoile[3] !

Mais, s’il était permis à ces saintes gens de tenir dans ce sanctuaire les propos les plus profanes, les malheureux Çûdras et, en général, tous ceux qui étaient, sinon sans aveu, du moins sans vœux, n’avaient pas le droit d’en franchir le seuil, lors même qu’ils n’eussent eu d’autre

  1. XXXVI, 4.
  2. Id. 5.
  3. Id. 8.