Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/152

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Remettant l’appareil d’aplomb, l’hypnotiseur nous fournit quelques détails sur certaine expérience qu’il voulait tenter.

Les plantes que nous venions d’apercevoir, plantes rares et précieuses dont il avait recueilli la graine au cours d’un lointain voyage en Océanie, possédaient des propriétés magnétiques d’une extrême puissance.

Un sujet placé sous le plafond odorant sentait pénétrer en lui de troublants effluves, qui le plongeaient aussitôt dans une véritable extase hypnotique ; dès lors, la face tournée au mur, le patient voyait défiler sur le fond blanc, grâce à un système de projections électriques, toutes sortes d’images coloriées que la surexcitation momentanée de ses sens lui faisait prendre pour des réalités ; la vue d’un paysage hyperboréen refroidissait immédiatement la température de son corps, en faisant trembler ses membres et claquer ses mâchoires ; au contraire, tel tableau simulant un foyer incandescent provoquait chez lui une abondante transpiration et pouvait à la longue disséminer de graves brûlures sur toute la surface de son épiderme. En présentant de cette manière à Séil-kor un frappant épisode de biographie personnelle, Darriand comptait réveiller la mémoire et la saine raison que le jeune nègre avait perdues récemment par suite d’une blessure à la tête.