Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/252

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Six mois après la tempête, Rul mit au monde une fille qu’on appela Sirdah.

L’heure d’anxiété passée par la jeune mère avant l’atterrissage de la Suissesse avait laissé des traces. L’enfant, d’ailleurs saine et bien constituée, portait sur le front une envie rouge de forme spéciale, étoilée de longs traits jaunes rappelant par leur disposition les fameuses épingles d’or.

La première fois que Sirdah ouvrit les yeux, on s’aperçut qu’elle louchait affreusement ; sa mère, très orgueilleuse de sa propre beauté, fut humiliée d’avoir procréé un laideron et prit en aversion cette enfant qui blessait sa vanité. Au contraire, l’empereur, qui désirait ardemment une fille, conçut un amour profond pour la pauvre innocente, qu’il entouta de soins et de tendresse.

À cette époque Talou avait pour conseiller un nommé Mossem, nègre de haute stature, à la fois sorcier, médecin et lettré, qui jouait le rôle de premier ministre.

Mossem s’était épris de la charmante Rul, qui de son côté subissait l’ascendant du séduisant conseiller, dont elle admirait la majestueuse prestance et le grand savoir.

L’intrigue suivit son cours inévitable, et Rul,