Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/295

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au milieu des nègres courbés sous leurs fardeaux multiples, notre groupe, conduit par Séil-kor, se dirigeait en droite ligne vers la capitale annoncée. Le nain Philippo était porté comme un enfant par son barnum Jenn, tandis que Tancrède Boucharessas trônait, avec une famille de chats savants, dans une petite voiture de cul-de-jatte poussée par son fils Hector. En tête, Olga Tcherwonenkoff, suivie de Sladki et de Mileñkaya, marchait non loin de l’écuyer Urbain, qui, monté sur son cheval Romulus, dominait fièrement toute la troupe.

Une demi-heure nous suffit pour atteindre Éjur, où nous vîmes bientôt l’empereur, qui pour nous recevoir avait groupé autour de lui, sur la place des Trophées, sa fille, ses dix épouses et tous ses fils, alors au nombre de trente-six.

Séil-kor échangea quelques mots avec Talou et nous traduisit aussitôt l’arrêt émané de la volonté souveraine : chacun de nous devait écrire une lettre à l’un des siens, dans le but d’obtenir une rançon dont l’importance varierait suivant l’apparence extérieure du signataire ; ce travail achevé, Séil-kor, marchant vers le nord avec un nombreux détachement d’indigènes, se rendrait à Porto-Novo afin d’expédier en Europe la précieuse correspondance ; une fois possesseur des sommes exigées, le fidèle mandataire achèterait diverses denrées que ses hommes, toujours sous