Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/404

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suivant la décision royale, avait traversé le Tez sur un pont de pirogues ; au moment où le dernier homme mettait le pied sur la rive droite, les bandes de Talou, poussant des cris en guise de signal, étaient sorties en même temps des cases d’Éjur et des massifs du Béhuliphruen pour enserrer l’ennemi de toutes parts, en se servant à leur profit de la tactique imaginée par Yaour. Déjà le sol était jonché de morts et de blessés drelchkaffiens, et la victoire paraissait acquise aux troupes de l’empereur.

Yaour, toujours affublé de sa robe et de sa perruque, s’était bravement jeté dans la mêlée et combattait parmi les siens. Armé d’une lance, Talou, portant sa traîne sur son bras gauche, fonça sur lui, et un duel étrange s’engagea entre ces deux monarques d’apparence carnavalesque. Le roi parvint d’abord à parer plusieurs coups, mais bientôt l’empereur, à la suite d’une feinte habile, perça profondément le cœur de son antagoniste.

Promptement découragés par la mort de leur chef, les Drelchkaffiens, de plus en plus décimés, ne tardèrent pas à se rendre et furent emmenés à Éjur pour être traités en captifs.

Tous les cadavres, sauf celui d’Yaour, furent lancés dans le Tez, qui se chargea de les charrier jusqu’à la mer.