Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/56

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À son tour Rhéjed quitta le sol en se balançant au bout de son pagne, dont une grande partie lui ceignait encore les reins.

Malgré ce fardeau le robuste volateur monta rapidement, toujours stimulé par les cris de l’enfant, dont les éclats de rire indiquaient une folle jubilation.

Au moment de l’enlèvement, Talou s’était précipité vers son fils avec tous les signes du plus violent effroi.

Arrivé trop tard, le malheureux père suivait d’un regard angoissé les évolutions de l’espiègle, qui s’éloignait toujours sans aucune conscience du danger.

Une profonde stupeur immobilisait l’assistance, qui attendait avec anxiété le dénoûment de ce terrible incident.

Les préparatifs de Rhéjed et sa manière soigneuse d’engluer largement les entours du rongeur inerte prouvaient la préméditation de cette course aérienne, dont personne n’avait reçu l’aveu confidentiel.

Cependant l’immense volateur, dont le bout des ailes seul apparaissait derrière la porte, s’élevait toujours vers de plus hautes régions.

Rapetissé pour nos yeux, Rhéjed se balançait furieusement au bout de son pagne, décuplant ainsi ses mortelles chances de chute, rendues si nombreuses déjà par la fragilité du lien