Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/84

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sur la cithare, généralement bornée à la maigre production de deux sons simultanés.

Pour donner du relief à la partie principale, le ver se soulevait davantage, lâchant ainsi sur la corde violemment ébranlée une plus grande quantité d’eau.

Le rythme un peu hésitant prêtait discrètement à l’ensemble ce cachet original propre aux orchestres tziganes.

Après la valse, des danses de toute sorte vidèrent peu à peu l’auge transparente.

En bas, la terrine s’était remplie grâce au jet continuel maintenant tari. Skarioffszky la prit et versa une seconde fois tout son contenu dans le récipient léger avant de la remettre en bonne place sur le sol.

Complètement réapprovisionné, le ver entama une csarda ponctuée de nuances sauvages et brutales. Tantôt d’immenses remous du long corps rougeâtre produisaient d’éclatants fortissimo ; tantôt d’imperceptibles ondulations, ne laissant échapper que de fines gouttelettes, réduisaient à un simple susurrement la cithare brusquement apaisée.

Aucun élément mécanique n’entrait dans cette exécution personnelle pleine de feu et de conviction. Le ver donnait l’impression d’un virtuose journalier qui, suivant l’inspiration du moment, devait présenter de façon chaque fois