Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/92

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Après l’accord final, le petit homme, toujours vif, quitta son poste pour disparaître dans la coulisse, pendant que deux de ses fils, Hector et Tommy, venus pour débarrasser la scène, emportaient sans retard l’instrument, ainsi que la table et la chaise du conférencier.


Cette besogne achevée, un artiste s’avança sur les planches, correctement vêtu d’un habit noir et tenant un chapeau claque dans ses mains gantées de blanc. C’était Ludovic, le fameux chanteur à voix quadruple, dont la bouche attira vite tous les regards par ses dimensions colossales.

Avec un joli timbre de ténor, Ludovic, doucement, commença le célèbre canon de Frère Jacques ; mais, seule, l’extrémité gauche de sa bouche était en mouvement et prononçait les paroles connues, tandis que le restant de l’énorme goufire se maintenait immobile et fermé.

Au moment où, après les premières notes, les mots : « Dormez-vous » résonnaient à la tierce supérieure, une seconde division buccale attaqua « Frère Jacques » en partant de la tonique ; Ludovic, grâce à de longues années de travail,