Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Où sa famille habite, et que pour tout le moins
Gaspard pourra venir être un de leurs témoins ;
Que s’il est bien gentil, s’il assiste à leur noce,
Il pourra lui donner, après, dans son négoce,
Une part ; qu’on aura bien de quoi le loger
Dans la boutique. « Car, dit-il, c’est horloger
Que je suis. » Il leur dit, en donnant l’orthographe,
Un nom invraisemblable et long. Puis il dégrafe
Sur sa poitrine un peu de son grand domino ;
Soudain Roberte dit, lui voyant un anneau
Au quatrième doigt, qu’il oubliait sa femme
Et que, probablement, il veut être bigame ;
Mais vite il lui répond que non, non, qu’il est veuf,
Et qu’il s’occupera de s’en avoir un neuf
Pour elle. « Je bannis pour toujours la mémoire
De l’autre, ajoute-t-il, car, vous pouvez m’en croire,
Elle était beaucoup moins douce qu’une brebis. »
Sa main a disparu, fouillant dans ses habits ;
En attendant il parle à Roberte d’un proche
Parent à lui, très vieux ; puis il sort d’une poche,